La chapelle Notre-Dame du Mas

Rénovée en 2003, la chapelle du Mas a retrouvé la pureté de son passé et conserve ses légendes intactes.

Il convient, dans un premier temps et pour tenter de retrouver l'origine de l'oratoire, de revenir sur le terme mas. Expression à la base auvergnate, « mas » vient de « manere », qui signifie demeurer. Du mot découle maison, manoir ou manant. Le terme représentait, autrefois, une portion de terre cultivée par un colon qui y avait son habitation. La taille était donc variable et, dans les Cartulaires de Charlemagne, apparaissent les évocations de mas entiers, demi-mas ou petits mas. Tout porte donc à croire qu'à l'origine, une seule habitation composait le lieu qui s'est ensuite subdivisé pour devenir village (il ne compte aujourd'hui qu'une quinzaine d'habitants).

La vierge noire stoppe miraculeusement l'épidémie de peste

Les recherches menées par l'abbé Chabau en 1888 évaluent la fondation du sanctuaire primitif au XII e siècle, modifié trois siècles plus tard. Une légende demeure, à ce propos. Une terrible épidémie de peste ravage les contrées (peut-être celle de 1348 à 1350), maladie appelée « croquet » par les autochtones. Les morts sont si nombreux que le cimetière paroissial d'Auzers ne peut suffire et c'est dans un champ appelé « Cimetière », tout près de la chapelle du Mas, que les défunts sont enterrés.

L'oratoire renferme alors un précieux trésor, la statue d'une vierge noire que l'on dit miraculeuse. Le jour de la Visitation (2 juillet) les habitants font un voeu à la vierge, lui demandant d'intercéder pour stopper la contagion. Le fléau disparaît et une procession voit le jour, chaque année, à cette date.

Quand sonne l'heure de la Révolution, la chapelle est épargnée grâce à l'ingéniosité du notaire Albaron, qui reçoit les délégués vendeurs de biens envoyés par Mauriac. Il les nourrit, les saoule copieusement et aucun acte ne sera signé.

Pourtant, la chapelle a souffert du temps. La vierge noire a disparu, remplacée par une autre, en bois polychrome, probablement sculptée sous Louis XIV. En 1890, le curé du moment, l'abbé Louis Salvy, décide de reconstruire le précieux oratoire et, sans aucune aide de l'Etat ou des institutions, son projet aboutit. Les habitants du village, d'une part, par leur travail manuel acharné et la famille d'Auzers, d'autre part, par son soutien financier, lui permettent de réaliser son voeu : redonner vie à la chapelle du Mas. Le nouvel oratoire est dédicacé le 13 septembre 1891, précisément pour la fête de la Nativité de Marie. La statue, hébergée provisoirement dans l'église paroissiale retrouve son tabernacle en présence d'une foule considérable.

Renaissance sous l'égide des « Amis »

C'est en 2003 qu'est créée, à Auzers, l'association « Les amis de la chapelle du Mas », réunissant près de 150 bénévoles. Une fois encore, la restauration s'organise et le résultat est pour le moins stupéfiant. L'oratoire a retrouvé sa pureté, le mobilier conçu par le sculpteur mauriacois Jean Ribes a récupéré son lustre d'antan où trône la Vierge à l'enfant. De l'extérieur comme de l'intérieur, la chapelle du Mas peut être considérée comme un joyau de la fin du XIX e siècle.
La municipalité d'Auzers a également apporté son soutien.

Sources. Pèlerinages et sanctuaires de la Sainte-Vierge de l'abbé J.-B Chabau. Le nouveau sanctuaire de Notre-Dame du Mas de l'abbé Laurichesse. Pierre Moulier.